Double givrage à 25m d'Apeks Flight

Oui bon je sais, c'est plus vraiment la saison des bains de mers mais pourtant il y avait de la motivation pour notre plongeur de compléter son brevet Advanced Open Water ce matin avec un petit -1°C et des petits airs mystérieux d'effluves de brume à la surface de l'eau du lac de Paladru.



C'est un brevet Advanced un peu spécial car notre plongeur a plus de 350 plongées souterraines. Pour pouvoir plonger sans tracasseries sous les tropiques (il voyage beaucoup) il vient de passer après quelques années d'interruption de plongée son brevet Open Water Diver PADI et il reste 2 plongées de qualification Advanced dont les deux obligatoires : plongée dans la zone des 20-30m et la plongée d'orientation. Il a droit aujourd'hui à deux instructeurs PADI pendant qu'un 3ème fait une plongée de spécialité Drysuit avec une autre plongeuse. Tous le monde est donc en étanche et notre plongeur plonge avec son "double" (bi cylindre) en config séparée. Il porte les traces de son usage souterrain ... Nitrox 33% pour lui (il est certifié plongeur nitrox PADI) et air pour nous. Ajustement utile du lestage. On pose la bouée de signalisation, bubble check et descent check (çà c'est pour moi), cap au 150 dans la pente, 20m, 25m. Malgré le temps couvert on y voir clair comme la dernière fois ici. "Toi çà va?", "moi çà va" .. on est dans la zone utile pour le thème de la plongée. Température externe 6°C. Mieux que dehors .

On continue un peu et je m'apprête à faire faire les observations utiles sur nos ordi et comparer les paramètres de décompression ou plutôt de de non décompression car cela ne fait que 8 min qu'on est sous l'eau, mais c'est toujours instructif de comparer du nitrox et de l'air dans cette zone de profondeur. Mais soudain on me tire sur la palme gauche : débit continu sur détendeur droit, notre plongeur est passé sur son gauche. Je ferme le robico et on fait demi tour direct. Une tentative de réouverture est infructeuse c'est givré et c'est pas dégelé. Re signe "çà va pas" le deuxième par en débit continu aussi . Bon là c'est pouce en l'air direction la surface. En bon souteux il décline une source de secours et respire sur l'embout en debit continu qui reste contenu quand même. Il essaie de reprendre l'autre mais il oublie que c'est toujours fermé et décline à nouveau le secours. On remonte à la bonne vitesse et dans le calme. Son gilet n'est plus alimenté mais la combi étanche prend le relais et je n'ai pas à aider beaucoup. Surface. Cà flotte. TVB . C'est pas les plaisanciers qui risquent de nous gêner, on est à une centaine de mètres du bord. Fin de plongée au bout de 10 min et retour en surface.

Debriefing. Notre plongeur n'avait pas résisté à l'envie de plonger avec ses deux jolis Apeks Flight plutot que ses vieilles casseroles MK5 Scubapro qui ne l'avaient jamais trahi. Ces jolis petits détendeurs sont mignons mais totalement impropres à la plongée en eaux froides. J'ai vu givrer de même à 9°C l'an passé un Micron Aqualung et un de ces nouveaux petit Beuchat. Soyez prévenus, ces détendeurs ne sont pas qualifiés eaux froides et on peut les coincer en débit continu très facilement dans ces conditions.

Suite à un accident mortel l'an passé à Annecy dans le club de mon collègue (pour un scenario similaire) celui ci me dit avoir pris comme principe personnel d'encadrement de ne plus tenter de fermer les blocs et de remonter le plongeur directement en donnant sa source de secours (accès direct à la surface possible). Après avoir demandé l'avis de notre plongeur on met fin à cette matinée plongée histoire de ne pas provoquer davantage l'oeil noir du lac ...



On sera mieux au coin du feu ...

C'est clair, j'ai moi même un flight qui fait merveille en eaux tropicales, mais avec lequel je ne descendrai jamais dans un environnement où il peut geler.
Pour ça, vive le legend.

N.

On ne le répétera jamais assez, faut plonger avec le matos adapté.

La procédure en Savoie pour un givrage, c'est une assistance comme pour une panne d'air, remontée dans la zone des 15-20m et fermeture du robinet sur lequel il y a givrage, fin de plongée
Afin d'éviter des cas mortels qui ont eu lieu dans la zone des 40 où le plongeur qui assiste ferme le mauvais robinet à cause du noir, du flot de bulle, narcose ...

Argh c'est aujourd'hui qu'on aurait dû y être car il neige bien en ce moment

bardass a écrit:La procédure en Savoie pour un givrage, c'est une assistance comme pour une panne d'air, remontée dans la zone des 15-20m et fermeture du robinet sur lequel il y a givrage, fin de plongée
Afin d'éviter des cas mortels qui ont eu lieu dans la zone des 40 où le plongeur qui assiste ferme le mauvais robinet à cause du noir, du flot de bulle, narcose ...

Ca m'est arrivé... En plein été. Gravière de trucmuch', 22° en surface, 6° à 40m, formation N3 (de moi en l'occurence). Descente dans le bleu pour tout le monde, exercice redoutable et redouté sous nos latitudes. Tu parles, j'arrive à 40m narcosé comme après une soirée russo/polonaise, et mon MF1 me tend son détendeur en s'agitant dans le noir.... Mais kèskiveut ? Et pourquoi il s'agite comme ça, il a qu'à prendre son détendeur de secours. Une ombre, un second MF1 fond sur nous et ferme le premier étage givré. TILT dans mon cerveau !

Au debriefing, ben oui, j'étais narcosé. Mine de rien ça fout la trouille ces épisodes...Et je vous ai pas raconté le MF2 dont la stab a givré avec le gicleur d'air en position "ON" à 40m.....

Flippant....

Petite précision, je croyais que le Flight etait certifié eau froide...

Le Flight a un 1er étage en matériau composite qui échange très mal les calories et n'est pas qualifié en norme eaux froides EN250. La ligne Apeks Flight, XTX20 et AT20 est donnée pour fonctionner dans des eaux à 10°C et au dessus. Tout le reste des détendeurs Apeks est compatible eaux froides EN250. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne puisse pas en bloquer un aussi si l'air du gonflage est trop humide ou qu'on tire dessus de trop (plus çà détend plus çà gèle).

Les givrages sont vraiment un risque majeur en lac (enfin ceux qui sont à 4-6°C en dessous de 10m toute l'année ... ). Fermer les robinets (deconnecter les raccords direct system si çà givre sur un inflateur d'étanche ou de stab) pour voir si cela dégèle ensuite est un palliatif, mais qui peut tourner au drame en cas de perte de flottabilité sans possibilité d'utiliser un moyen redondant. L'inflation de l'étanche et de la bouée sont bien sûr à séparer et à répartir sur les deux 1er étages dont on espère qu'ils ne givreront pas tous les deux . L'usage d'une étanche et d'un gilet ou bouée-wing est considéré comme pouvant faire face à ces problèmes de flottabilité. Si on a perdu énormément de gaz, le secours sera possible par exemple sur un bloc de déco prenable dès 25m (nitrox 50% par exemple) si on en a un. Peut être voir aussi la qualité des détendeurs sur les blocs de déco ...